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1993
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LE SUPREME DANS MA VIE
Par Yvon Gagne


1. INTRODUCTION

Le Livre d'Urantia nous dépeint de façon si grandiose le rôle du Suprême dans l'univers que nous, simples lecteurs, éprouvons bien souvent de la difficulté à nous insérer personnellement dans ce gigantesque mouvement universel.

Or, mon entretien a justement pour objectif de partager avec vous ma compréhension et mon expérience personnelle de la manière dont le Suprême s'inscrit dans notre vie active. Mon témoignage se veut être un reflet spontané de ma façon de penser, de vivre et de m'exprimer plutôt qu'une analyse dogmatique.

Bien que les enseignements du Livre ciVrantia soient à la base de cet exposé, je vais quand même tenter en toute humilité de vous rapporter dans mes propres mots ce qu'évoque au plus profond de mon être la conscience du Suprême.

1.1 Derinition du Suprême

Avant d'établir les différents états de conscience que peut susciter le Suprême dans la pensée humaine, je vais essayer de définir très brièvement ce qu'est le Suprême dans le cosmos.

Premièrement, le Suprême n'est pas un Dieu au sens propre du terme. Le Suprême est plutôt une Déité issue de la Trinité du Paradis. Le Suprême est une superpersonnalité qui englobe tous les univers en voie de développement. Il est le maître d'oeuvre de toutes les infrastructures stellaires; il coordonne les activités physiques, intellectuelles et spirituelles du Maître Univers. Le Suprême a donc une vision globale des desseins et de la finalité de l'univers temporel.

Descendant directement de la Trinité du Paradis, le Suprême jouit d'un statut assez privilégié. Il est indépendant des trois grandes structures administratives qui découlent personnellement des trois Déités du Paradis. Il ne recoit d'ordre d'aucune autre autorité que de la Trinité--qui lui sert d'Ajusteur de Pensée, à titre de comparaison. Il jouit d'une légitimité incontestable et d'une autonomie complète partout dans l'univers.

Personne ne peut communiquer directement avec le Suprême ou chercher à l'influencer de quelque façon que ce soit. Bien que la relation avec le Suprême soit impersonnelle, il n'en reste pas moins que nous naissons en lui, que nous croissons en lui et que nous émergeons de lui en tant que fils ou filles de l'univers.

1.2 La Mère divine

Le Suprême joue un rôle primordial celui d'une Mère divine qui porte en son sein tous les univers du temps et de l'espace. Son influence est tellement omniprésente que même les Ajusteurs de Pensée, qui ressemblent au Père en nature et en divinité, deviennent semblables au Supreme lorsqu'ils pénètrent le cosmos. Cette transformation des Ajusteurs demontre à l'évidence que la volonté du Père exprimée ici-bas est vraiment unie à celle du Suprême.

1.3 Le Dieu évolutionnaire

Le Suprême n'est pas une Déité parfaite; il est une Déité expérientielle en évolution. Des personnalités speciales affectées au contrôle de l'univers travaillent sans cesse à maîtriser la matière afin de créer des mondes physiques stables et harmonieux. D'autres travaillent à parfaire leurs connaissances dans tous les domaines et croissent en sagesse et en expérience. Loin d'apparaître comme un bloc monolithique, le Suprême ressemble plutôt à une mosaïque dont les morceaux ne sont pas encore assemblés.

Les efforts incessants du Suprême pour unifier les royaumes de l'esprit, de la pensée et de la matière se traduisent au niveau microcosmique par l'émergence de nouvelles forces créatrices au sein même de la conscience. Ce sont ces forces qui incitent les personnalités volitives de l'univers à se consacrer à l'édification de mondes orcanisés et spiritualisés. Les circuits mentaux des personnalités humaines sont également inondés de forces créatrices qui suscitent en elles le désir'de participer à l'édification de leur planète sur les plans matériel, morontiel et spirituel. C'est donc grâce à cette relation d'interdépendance cosmique que la Mère divine grandit avec ses créatures du temps, à la manière dont les parents humains accroissent leur expérience parentale en élevant leurs enfants.

1.4 Déecouverte de la personnalité du Supreme

On m'a déjà posé la question suivante: "Si le Suprême est une personnalité, pourquoi ne peut-on pas communiquer personnellement avec lui?" Or, le Suprême n'a pas terminé son évolution, et c'est justement cet aspect inachevé de son âme qui rend sa personnalité inaccessible. Mais, un jour dans l'éternel futur, toutes les créatures participeront simultanément à la découverte de la personnalité du Suprême, lorsque sa perfection aura été universellement atteinte. Pour reprendre une drôle d'expression des personnes âgées, je dirais que "je veux rester en vie pour voir ça de mes propres yeux!"

1.5 Autres appellations du Suprême

Dans Le Livre d'Urantia, il y a d'autres termes pour désigner les différentes phases d'évolution du Suprême--l'Être Suprême, le Tout-Puissant Suprême et Dieu le Suprême. Au cours du présent entretien, nous utiliserons seulement le mot Suprême comme terme général pour désigner le Dieu évolutionnaire du temps et de l'espace.

2. RECONNAISSANCE DU SUPREME

2.1 Le Suprême et les autres influences spirituelles

Étant donné que l'objectif de mon entretien est de mettre l'accent sur la conscience du Suprême dans l'expérience humaine, je suis amené à me poser la question suivante. Comment faire la part entre la conscience du Suprême et les autres influences qui nous entourent--l'Ajusteur de Pensée, l'Esprit de Vérité, l'Esprit-Mère?

Je répondrais que les influences spirituelles qui nous entourent de 1*intérieur comme de l'extérieur ont des origines diverses et agissent donc différemment. Voici de quelle manière je me les représente.

2.1.1 Ajuster de Pensée

L'Ajusteur de Pensée est une dotation du Père Universel à la pensée humaine. L'Ajusteur agit en tant que presence spirituelle active dans l'arrière-plan de la conscience humaine. En plus d'être l'instiaateur de nos expériences les plus profondes, l'Ajusteur balise nos pensées dans les situations de choix à caractere moral et spirituel. Il est la source de la dynamique intérieure de la personnalité et du désir de perfection. À un niveau encore plus élevé, l'Ajusteur est le contact personnel avec le Père--relation rassurante dans la prière et lumière extatique dans l'adoration.

2.1.2 Esprit de Vérité

L'Esprit de Vérité est defini dans Le Livre d'Vrantia comme l'effusion du Fils Créateur dans notre univers local. Alors que l'Ajusteur de Pensée opère sur le plan actif de la pensée, l'Esprit de Vérité agit plutôt sur le plan réactif par toute une gamme d'impressions positives ou négatives, vraies ou fausses, belles ou laides, bonnes ou mauvaises, ou encore par des états d'âme correspondant à des convictions intérieures, une sensibilité spirituelle, un sentiment de communion et de paix profonde. Collectivement, l'Esprit de Vérité harmonise les valeurs en évolution, et ce, non seulement sur une planète habitée, mais dans tout l'univers local. Il représente le critère de référence qui nous permet de reconnaître les valeurs que nous acceptons d'emblée de faire notres et de partager entre nous.

2.1.3 Saint-Esprit

Quant au Saint-Esprit, il nous provient de l'Esprit Mère de notre univers local. On nous dit, dans Le Livre d'Urantia, que le Saint-Esprit est la raison spirituelle et l'intelligence de l'âme. Il fiacili te l'émergence de pensées immatérielles dans un intellect capable de conceptualiser des réalités purement spirituelles. Si l'Ajusteur et l'Esprit de Vérité sont à l'origine de nos aspirations les plus profondes, le Saint-Esprit les traduit en significations pour la raison et en finalité pour l'âme. Le Saint-Esprit stimule la réflexion sur les valeurs et favorise l'autocritique, nous permettant ainsi d'accéder à une pensée à la fois personnelle et universelle.

2.1.4 Autres influences personnalisées

Il y a d'autres influences dites extérieures, tels les anges gardiens, les médians et tous ceux dont le ministère est de prêter assistance aux personnes qui ont atteint un certain degré de conscience et d'autonomie spirituelle, celles dont les fonctions les dirigent vers un destin personnel.

Il est vraiment possible de prendre conscience de chacune de ces subtiles influences par un travail mystique de méditation profonde pour lequel certaines personnes semblent avoir une propension plus marquée que d'autres en raison de certains traits de leur personnalité.

Par contre, si on fait abstraction de la diversité de leurs origines et qu'on laisse agir toutes ces forces comme une seule et même influence en nous--comme c'est généralement le cas, d'ailleurs--cette expérience spirituelle correspond alors au ministère du Suprême dans notre vie quotidienne. Le Suprême se définit donc dans notre vie intérieure comme étant l'action unifiée de toutes les influences spirituelles qui aesent directement ou indirectement en nous (voir P. 1107).

2.2 Effets du Suprême en nous

Le fonctionnement unifié des influences spirituelles en nous--que l'on appelle maintenant le Suprême--peut évoquer différents états d'âme aussi sublimes que difficiles à définir; par exemple, un intense sentiment d'unité personnelle, une paix profonde et dynamique, un exceptionnel sens des responsabilités morales, un grand désir d'accomplissement doublé d'une certitude d'avoir un destin personnel--une tâche unique à accomplir --, un profond discernement, quasi visionnaire, une forte sensibilité aux grandes questions d'ordre moral, éthique et spirituel, un sens très marqué pour la justice et l'équité, une impression d'appartenance à la communauté cosmique, un inexplicable pressentiment de protection cosmique, une génerosité sans borne, une energie débordante et bien d'autres encore.

Somme toute, ces états d'âme dénotent une sensibilité spirituelle intense et dynamique accompagnée d'un vif désir de dépassement.

2.3 Conditions préalables à la reconnaissance du Suprême

Bien que nous baignions tous dans l'ambiance spirituelle du Suprême, il y en a pour qui cette atmosphère subtile demeure inaccessible. Quelles sont donc les conditions spirituelles préalables à la reconnaissance du Suprême? Elles sont nombreuses; aussi me limiterai-je à mon expérience personnelle et au comportement des personnalités contemporaines qui m'ont le plus marque par leur exemple.

2.3.1 Foi

La première condition préalable à la reconnaissance du Suprême est sans aucun doute la foi. La foi démontre que la relation avec le Père est vivante et que les forces spirituelles agissent dans la conscience du croyant. La foi est vraiment la base de l'expérience spirituelle consciente.

2.3.2 Amour du prochain

La deuxième condition préalable à la conscience du Suprême est l'amour du prochain, qui ne s'apparente pas au sentiment d'affection que nous portons à ceux et celles que nous connaissons bien, mais relève plutôt d'une volonté morale qui se traduit par de la bienveillance, de la prévenance, de la sollicitude envers tous les autres êtres. Cette impulsionvise directement à respecter l'intégrité de la personne dans toute sa dimension cosmique.

2.3.3 Sens des responsabiliés

Comme troisième condition préalable à la reconnaissance du Suprême, je mentionnerai le sens des responsabilités. L'amour sans le sens des responsabilités n'est qu'un fantasme éphémère qui, trop souvent, fait plus de mal que de bien. Personnellement--et je ne suis pas le seul à penser ainsi-j'évalue l'authenticité de l'amour d'une personne à son sens des responsabilités, lequel est, sans doute, le signe le plus visible de la conscience du Supreme.

2.3.4 Ouverture d'esprit

J'ajouterai une dernière condition à la reconnaissance du Suprême, une condition plus subtile qui transparaît toutefois invariablement dans le comportement de ceux et celles qui ont élevé leur pensée jusqu'à percevoir l'unité dans la diversité. Cette condition est l'ouverture d'esprit--sur les autres, sur le monde et sur l'univers en général.

Je parle d'une ouverture d'esprit tolérante, capable d'engager des relations amicales ou de créer des liens avec des personnes provenant de différentes ethnies et ayant un vécu différent du nôtre. Je parle d'une ouverture d'esprit exploratrice, ouverte au changement, soucieuse d'apprendre et de comprendre ce qui se passe autour de soi.

Chose certaine, l'ouverture d'esprit détermine notre degré d'adaptation aux réalités universelles. L'ouverture d'esprit décloisonne la personnalité et facilite vraiment le rapprochement des individus. 1!ouverture d'esprit attire les occasions de toutes sortes et crée un climat d'universalité. L'ouverture d'esprit,jointe aux autres conditions décrites précédemment, confère à la personnalité la marque de la noblesse et dénote la grandeur de ses aspirations.

3. RELATION AVEC LE SUPRÊME

3.1 Dérinition du Livre d'Urantia

Maintenant que nous avons exposé les conditions préalables à la reconnaissance du Suprême, nous allons essayer de définir plus clairement ce qu'est la relation avec le Suprême. Une telle relation doit sûrement reposer sur des fondements immuables et universels. J'ai cherché dans Le Livre d'Urantia des précisions sur ce type de relation et j'ai trouvé la citation suivante, qui met vraiment le doigt sur cette interrogation:

"La relation temporelle de l*Homme avec le Suprême est le fondement de la moralité cosmique, la sensibilité universelle au devoir et son acceptation. C'est une moralité qui transcende le sens temporel du bien et du mal relatifs; elle est directement basée sur l'appréciation consciente par la créature d'une obligation expérientielle envers la Déité expérientielle" (P. 1284).

3.2 Moralité cosmique

On affirme donc, dans cette citation, que "la relation avec le Suprême est le fondement de la moralité cosmique, la sensibilite universelle au devoir et son acceptation". Mais en quoi consiste donc ce nouveau concept de moralité cosmique?

La moralité cosmique n'est pas--comme on pourrait le croire de prime abord--une doctrine nous indiquant ce qu'il faut faire et ne pas faire. Bien au contraire, la moralité cosmique a pour objet de détérminer les buts suprêmes de la vie et de rendre à la foi sa dimension engagée. Elle peut se confondre avec la morale religieuse ou avec l'éthique populaire quand ces dernières véhiculent de véritables valeurs altruistes.

La moralité cosmique se traduit, dans ses états les plus purs, par de puissants appels à la conscience, et ce, dans des situations faisant appel au devoir moral et au sens des responsabilités. Ces appels à la conscience se manifestent dans tous les domaines de lavie--familial, social ou professionnel. Quand notre ouverture d'esprit nous permet d'élargir nos horizons à une plus grande compréhension, les appels à notre conscience vont jusqu'à embrasser les grandes questions morales, éthiques et spirituelles auxquelles doit faire face notre époque.

La moralité cosmique révèle même une sensibilité universelle au devoir, une sensibilité qui déborde le strict milieu familial et social, une sensibilité qui transcende les barrières des religions, des cultures et des langues. La moralité cosmique englobe tous les problèmes; elle considère l'Humanité comme un tout. La moralité cosmique, vue sous l'angle d'une force mobilisatrice, devient l'expression de tout le pouvoir volitif dont une personne est capable.

3.3 Obligation envers la Déité

La dernière partie de la citation du Livre d'Urantia indique, en outre, l'esprit dans lequel la moralité cosmique doit être appliquée et vécue. On précise qu'elle est "directement basée sur l'appréciation consciente par la créature d'une obligation expérientielle envers la Déité expérientielle".

Si on essaie de décoder cette phrase hermétique--presentée dans le livre par un Puissant Messager séjournant temporairement sur Urantia--, on peut en arriver à quelque chose de plus simple, comme: la moralité cosmique est basée sur le désir profond et irrésistible de se donner à la cause du Suprême.

Nous arrivons ici au coeur de la relation avec le Suprême; nous accédons à la flamme mystérieuse qui anime la relation avec le Suprême. Plutôt que d'apparaite comme une obligation qu'on n'a pas le goût d'avoir, la relation avec le Suprême s'extériorise par un désir de vivre, par un désir de grandir, par un désir de construire, par un désir de se donner à la cause qui nous fait vibrer.

Uessence même de la relation avec le Suprême se retrouve donc dans toute l'énergie déployée pour promouvoir ce que nous appelons les valeurs vivantes en nous.

A titre d'exemple, prenons le cas d'une personne qui se consacre bénévolement à une cause pour la simple raison que ce travail lui procure une grande satisfaction intérieure. La plenitude intérieure que vit cette personne est sa moralité cosmique. Observons le cas d'une autre personne qui se sent appelée à servir dans une situation de besoin. La satisfaction du devoir accompli que vivra cette personne à la suite de son intervention sera sa moralité cosmique.

Un dernier exemple, plus concret cette fois. Quelqu'un fait un voyage dans un pays très pauvre et il est témoin d'une grande misère humaine. Face à une telle situation, il peut développer plusieurs comportements, dont les suivants:

Premièrement, il peut trouver mille et une façons d'exploiter la misère des autres.

Deuxièmement, il peut fuir les lieux du fait qu'il est incapable de supporter la misère.

Troisièmement, il peut demeurer indifférent à tout ce qu'il voit.

Quatrièmement, il peut ressentir une certaine obliaation morale envers la misère humaine et tenter de faire quelque chose.

L'obliaation morale que développe cette personne par solidarité humaine est un autre bel exemple de moralité cosmique. Ces exemples n'ont d'autre but que de démontrer que la conscience du Suprême n'est pas de la haute voltige spirituelle réservée à quelque initié, mais bel et bien une disposition d'ouverture, de compassion et de solidarité envers nos semblables--qu alités d'âme que l'on retrouve aussi chez les êtres simples et humbles.

Lorsque je lis la biographie de Mère Teresa, qui a consacré sa vie à soigner des malades, à lutter contre la pauvreté, à travailler dans des conditions extremêment difficiles, eh bien! je me dis que je suis en présence d'une des plus belles manifestations de conscience du Suprême qu'il nous ait été donné de voir dans le monde contemporain.

Qui de nous ne s'est jamais senti interpellé directement ou indirectement en situation de besoin? Souvenons-nous des expériences qui nous ont apporté la satisfaction du devoir accompli, ce noble sentiment de plenitude qui inonde l'âme et nous incite à recommencer. Cette réconfortante énergie spirituelle, qui nous branche jusqu'à nous survolter parfois, témoigne de la croissance d'une ame qui se développe en interaction directe avec le Suprême. C'est de cette manière que l'univers tout entier manifeste sa reconnaissance et nous dit merci!

3.4 Fausses obligations

Moralité cosmique, obligation envers la Déité, ce sont là des concepts entièrement nouveaux. Depuis toujours, on nous a plutôt habitués à d'autres types d'obligations, tels le jeûne, les rituels et tous ces codes de vie qu'il ne faut surtout pas manquer d'observer "religieusement", comme si Dieu était le gardien des lois--y compris celles qui n'ont rien à voir avec Lui. Ce fardeau moral s'ajoute au poids mort des croyances religieuses et a pour effet d'automatiser entièrement l'activité spirituelle des fidèles en les contraignant à rétablir constamment avec Dieu une relation qui ne demande pourtant qu'à s'exprimer dans des rapports interpersonnels vivants et vrais.

3.5 Volition

Notre relation avec le Suprême ne se vit pas sans lutte. Maints obstacles s'opposent tout naturellement en nous à la prise - de nos responsabilités et nous poussent à fuir les difficultés sous pretexte qu'il n'y a rien à faire, que la situation est trop complexe, que cette affaire n'est pas de nôtre ressort ou qu'il est trop tard. Une faculté mentale nous permet toutefois de surmonter nos résistances, et cette faculté qui plonge ses racines au coeur même de la pensée cosmique, c'est la volition.

Nous ne nous rendons pas toujours compte que la volition se manifeste chez l'enfant dès l'instant où il accepte de devenir responsable. Non seulement la volition introduit-elle chez lui l'obligation d'un comportement réfléchi, mais elle fonde la possibilité même d'une vie morale. La volition élève l'être humain au rang de citoyen potentiel de l'univers et lui confère le statut de personnalité à part entière au sein du Suprême.

S'il me fallait définir le Suprême par un seul mot sur les plans macrocosmique et personnel, j'utiliserais d'emblée le mot volition; et, si je devais définir à la fois l'amour, la croissance et l'action, je me servirais encore du mot volition. Chez l'Homme, la volition ne se limite pas a reconnaître un Dieu d'amour en tant que personne existentielle. La volition va, d'une part, jusqu'à reconnaître la fonction de Dieu dans l'univers personnifié par le Suprême et, d'autre part, jusqu'à saisir le rôle actif de l'Homme au sein de cet univers en mouvement. Vue sous cet angle, la volition se définit donc comme la prise en charge de nos responsabilités morales conformément aux prises de conscience que nous avons de Dieu, de la vie et du Suprême!

Par contraste, je définirais l'irresponsabilité comme étant le contraire de la volition. L'irresponsabilité dérive de l'inconscience. Elle est une forme de vie primitive déconnectée de la conscience suprême et absente du processus évolutionnaire. L'irresponsabilité se soustrait donc à toute participation volontaire à la construction d'une vie personnelle au sein même d'un univers personnalisé.

3.6 Responsabilités parentales

C'est à l'expérience familiale que je préfère comparer la relation avec le Suprême. Prenons le nourrisson qui tête le sein de sa mère, le bambin qui se fait consoler par son père, l'adolescent qui commence à apprécier l'inlassable dévouement de ses parents. Ces faits banals sont autant de belles expériences de relations parentales qui influenceront la vie future de l'enfant.

Par contre, l'adulte qui devient soutien de famille vit une tout autre dimension de la vie familiale. Premièrement, il se distingue des autres membres de la famille par son comportement autonome et responsable. Il donne plus qu'il ne reçoit. Il est conscient de son rôle et l'assume avec amour. Il en est de même dans notre relation avec le Supreme. Au sens large, toutes nos expériences spirituelles découlent directement ou indirectement de notre relation avec le Supreme, mais il y a différents degrés de conscience du Suprême. Les degrés les plus élevés sont ceux d'un comportement autonome, volontaire et responsable envers la Déité cosmique.

Dans ma vie personnelle, j'ai été inspiré par de nombreux exemples de comportement responsable, mais celui qui m'a le plus marqué est le modèle d'amour, d'engagement et d'oubli de soi qu'a démontré ma propre mere tout au long de sa vie.

Un jour, j'ai posé la question suivante à cette femme qui avait élevé neuf enfants dans des conditions peu faciles: "Quelles ont été les plus grandes préoccupations de toute ta vie de ménage?"

Elle m'a regardé droit dans les yeux et a répondu: "Mes préoccupations premières, celles qui ont hanté mes prières dans les moments difficiles, étaient toujours les mêmes: "Quel destin attend ma famille? Que puis-je faire pour préparer l'avenir de mes enfants? Que feront-ils plus tard?" Maintenant, je peux affirmer que j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour vous préparer adéquatement à la vie, compte tenu des maigres ressources dont je disposais."

J'ai été d'autant plus ému lorsque j'ai constaté que sa propre condition de vie ne figurait qu'au deuxième rang de ses préoccupations personnelles. Sa vision spirituelle, sa vie consacrée l'ont mise, à toutes fins pratiques, à l'abri des amertumes et des frustrations qu'engendrent les inégalités sociales.

La vie de ma mère m'a démontré, une fois pour toutes, que le véritable amour comporte une vision altruiste accompagnée d'engagements fermes, et qu'un engagement n'est réel que chez des personnes responsables.

Ma mère n'est pas mon seul modèle de vie familiale. Ma mémoire est pleine de cas édifants où des oncles, des tantes, d'autres parents et des amis ici et là ont su restreindre volontairement leurs besoins matériels, parfois au prix de gros sacrifices, pour permettre à leurs enfants de s'épanouir plus pleinement sur les plans intellectuel et spirituel.

3.7 Engagement social

Le Suprême embrasse toutes les phases de la vie temporelle. Nous ne les aborderons pas toutes ici aujourd'hui parce que, premièrement, je n'en connais que très peu et que, deuxièmement, je ne voudrais en aucune façon passer pour un illuminé qui sait tout; ce n'est pas mon genre.

Un autre domaine qui relève des fonctions du Suprême dans le champ des activités humaines est bien celui de l'engagement social, la grande avenue qui mène au Suprême. L'engagement social révèle la grandeur d'âme et la fermeté des intentions. Il incite à foncer dans la vie, à construire et à refaire le monde jour après jour. Il a la propriété de canaliser les énergies physiques, mentales, spirituelles par le truchement d'une noble cause humanitaire à caractère religieux, politique ou autre. L'engagement social est la grande école de la solidarité humaine.

3.8 Expérience personnelle

De toutes mes expériences dans la vie, celles qui ont contribué le plus à la formation de mon caractère spirituel, celles qui évoquent le mieux mes valeurs de survie proviennent d'un engagement ferme à une cause, à un projet, à une responsabilité, car elles m'ont permis de découvrir mon potentiel et d'exp~imer le meilleur de moi-même.

A mon avis, les grandes aspirations forment le terrain le plus propice à l'éclosion de la conscience du Suprême. Lorsque les désirs de certains accomplissements arrivent à maturité, ils se transforment en désirs de l'être tout entier. En communiant ainsi --d'une manière personnelle--- avec le Supreme, nous sommes inévitablement amenés à agir avec sagesse et à nous donner à des causes vraiment conformes à nos aspirations les plus élevées.

4. CONSCIENCE DU SUPRÊME

4.1 Force universelle

La conscience du Suprême n'est pas une nouveauté venant tout juste d'apparaître sur terre à la suite d'une autre Révélation. Les grands leaders de notre planète ont toujours dû canaliser leurs forces spirituelles dans la conscience du Suprême pour améliorer leur communauté, leur race ou mieux encorej'ensemble de la condition humaine.

De même qu'il n'est pas nécessaire de connaître l'Ajusteur de Pensée par son nom pour communiquer avec lui, de même nous n'avons pas à nommer le Suprême pour reconnaître nos devoirs et assumer avec enthousiasme nos responsabilités.

Bien que la Révélation d'Urantia nous apporte un cadre universel de pensée, n'oublions pas que l'Esprit agit toujours de façon unifiée dans la conscience humaine. L'Esprit fait abstraction des balises intellectuelles. LEsprit dynamise toujours ce qu'il y a de plus beau, de plus vrai et de plus noble dans les mobiles humains. Ainsi:

Dans certains cas, la conscience du Suprême peut inciter les plus militants à s'engager dans des missions personnelles, des causes qui, pour d'autres, paraissent perdues d'avance.

On observe régulièrement, dans l'actualité, des hommes et des femmes qui réussissent à faire avorter des projets d'entreprise générateurs de pollution, qui travaillent corps et âme à promouvoir la paix dans des contrées dévastées par la guerre, qui courent au-devant d'une planète qui elle-même court au désastre. On se demande même où certains puisent leur energie pour continuer à lutter et à construire dans un contexte aussi démoralisant, alors que tout le monde semble tourner en rond dans une société qui n'a plus de sens. Ces personnes de bonne volonté--artistes, scientifiques, médecins, politiciens, travailleurs à la vision sans frontières--risquent beaucoup pour lasauvegarde de nos intérêts communs.

Sans trop le savoir, ces émissaires du Suprême nous font entrer en contact avec nous-memes et suscitent en nous une réflexion sur notre rôle au sein de notre communauté, sur l'avenir de nos sociétés et sur le devenir de l'Humanité.

4.2 Conscience planétaire

Une autre question me vient à l'esprit quand j'entrevois le Suprême dans une perspective d'avenir: À quels signes peut-on reconnaître que la conscience du Suprême evolue sur une planète comme la nôtre?

La découverte de nouvelles lois physiques régissant le monde matériel nous a peu a peu libérés des univers métaphysiques de la peur, de la superstition et de la culpabilité. L'expansion de nos connaissances a jeté les bases d'une meilleure compréhension de la réalité de l'esprit. Mais, sur un plan humanitaire, où donc ces bases vont-elles nous conduire?

Dans le futur, ce n'est pas tant l'Humanité qui changera que notre vision de celle-ci, notre vision de la société, notre vision de la planète, notre vision de l'univers. Une nouvelle vision est indispensable à l'émergence d'une conscience planétaire plus étendue où la majorité aura la conviction profonde que l'avenir de l'Humanité appartient aux êtres humains. La conscience planètaire n'en est actuellement qu'au stade embryonnaire. Cette conscience grandit peu à peu et est en train de nous faire passer au stade de la responsabilité collective. Déjà, l'opinion publique s'impose de plus en plus dans tous les champs d'activité. Nous sommes davanta(ye informés et responsabilisés que les générations précédentes, et c'est sur ces nouvelles bases que nous essayons de résoudre les grands problèmes qui paralysent l'évolution planétaire.

Il y a aussi le phénomène de l'interdépendance de tous les individus et de tous les peuples de la Terre qui contribue largement à l'expansion de la conscience planétaire. Les économies sont devenues interdépendantes; les gouvernements également. Il est désormais impossible de se tenir à l'écart des grandes préoccupations mondiales--economie, environnement, paix, démographie, Tiers-monde et autres. Chacun se doit d'ouvrir davantage son esprit afin de développer une vision globale accompagnée d'une volonté réelle de changer les choses.Cette volonté de 'changer les choses deviendra vraiment perceptible quand nous accepterons collectivement de modifier nos modes de vie axés uniquement sur le profit et sur le bien-être individuel. Cette nouvelle vision de l'Humanité pourra résoudre aussi les problèmes de la pauvrété, du racisme, de la violence; en somme, rélever le défi que constitue le fait de vivre ensemble.

Apprendre à vivre ensemble! Voilà le véritable appel lancé par le Suprême à toutes les civilisations. Allons-nous démontrer que nous sommes cosmiquement aptes à vivre constructivement dans un univers organisé et spiritualisé ou allons-nous créer délibérément le chaos?

Rappelons-nous les parôles du pasteur Martin Luther King, récipiendaire du prix Nobel de la paix en 1964: "Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères; sinon, nous allons mourir ensemble comme des idiots".

5. CONCLUSION

5.1 Conclusions personnelle

Il y a de nombreuses conclusions à tirer de cet exposé. Personnellement, je retiens les suivantes:

discernement de la réalité cosmique et la croissance effective de l'âme.

La conscience du Suprême fait de nous des piliers spirituels au service du Corps de réserve de la destinée, lequel est composé de volontaires et de penseurs qui se consacrent sincèrement au service de la confraternité humaine. Ces personnes responsables sont le fer de lance de l'évolution planétaire qui doit conduire un jour la planète dans l'ère de lumière et de vie.

5.2 Epilogue

La conscience du Suprême n'est pas une valeur ajoutée à la vie spirituelle des individus. Elle constitue l'éssence même de la solidarité qui unit tous les Hommes dans une volonté commune de progrès cosmique à l'échelle planétaire.

La conscience du Suprême n'émerge pas dans la pensée pour compliquer la vie paisible des individus, mais plutôt pour résoudre les problèmes liés à leur croissance individuelle et collective.

La conscience du Suprême, vécue courageusement dans les devoirs concrets de la vie quotidienne, dénote la maturité de l'esprit, la profondeur de la pensée, le En raison de nôtre rôle vital au sein même de la croissance de l'univers, le Suprême nous confère le statut de citoyen potentiel de l'univers; citoyen avec des droits et des privilèges incommensurables; citoyen, en outre, avec des devoirs et des responsabilités dignes de la plus belle des destinées offertes dans les mondes évolutionnaires.

Puissions-nous être à la hauteur de la raison même de notre existence. Puissions-nous répondre à l'amour avec toute la noblesse d'âme dont il est l'essence même. Puissions-nous devenir les artisans de notre propre vie, de nôtre propre destinée et de celle des autres, de manière à nous élever dignement au rang des fils et des filles de la lumière qui se vouent à l'épanouissement de l'Etre Suprême.


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